On se frustre tellement avec la nourriture que toute une série de situations et d’émotions (joie, stress, déprime, fatigue, colère…) nous donnent une seule envie : bouffer !

Les régimes aboutissent souvent à des pratiques alimentaires rigides. La situation est gérable jusqu’à un certain point, mais une multitude de situations peuvent faire basculer la balance. Les émotions – colère, tristesse, peur mais aussi joie – nous amènent à « craquer » pour une nourriture que nous nous étions jusque là interdite.
La déprime, le stress, la fatigue ou même un rhume peuvent faire valser nos beaux principes. Des événements plus agréables comme un dîner entre amis, les vacances, un voyage, conspirent contre nos bonnes résolutions. Bien souvent, pour éviter de craquer, on se goinfre d’aliments que l’on considère « bons pour le régime ».
Ou bien, dès que l’on craque ne fût-ce qu’un peu, on bascule dans la compulsion alimentaire, on ne peut plus se retenir… Au risque de flanquer en l’air les efforts entrepris pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Sans parler du sentiment d’échec associé.


Le fait de maintenir un contrôle constant sur son alimentation peut mener à des obsessions mais aussi à des pertes de contrôle : on augmente ses apports caloriques, parfois de manière importante, même sans s’en rendre compte. Cela peut se présenter de différentes manières.

1. On ne « craque » pas mais on raisonne mal. On a tendance à classer les aliments en deux groupes : ceux qui sont caloriques et ceux que l’on imagine sans conséquence sur la ligne. Si on n’écoute pas ses sensations alimentaires, on peut très bien consommer des aliments « bons pour la ligne » sans faim, parce que c’est l’heure, juste par envie de grignoter ou pour se caler l’estomac et éviter d’avoir envie d’un aliment calorique. Et si on mange beaucoup d’aliments autorisés pour ne pas avaler un bout de chocolat par exemple, cela peut peser lourd dans l’addition calorique. Voyez plutôt :

  • Une mignonette de chocolat (10g) : 55 kcal
  • Une pomme (150g – 65 kcal) et un yaourt maigre aux fruits (125g, 107 kcal) : 172 kcal

2. On fonctionne en mode « tout ou rien ». Au moindre petit écart, en quantité ou en qualité (les « mauvais » aliments), on estime que l’on a échoué et on relâche son contrôle en se disant « fichu pour fichu »… et un petit écart de 100 calories devient un écart de 500 calories !

3. On anticipe. Avant de commencer un régime, souvent on anticipe les privations et on se fait plaisir… en mangeant plus que d’habitude ! Ou bien, si on craque pour un biscuit, on prévoit un régime plus strict le lendemain. Comme on s’attend à ne plus manger d’autres biscuits avant longtemps, ils nous font encore plus envie… et on finit la boîte !

« Considérer qu’il y a de mauvais aliments induit des troubles du comportement alimentaire, note Jean-Michel Lecerf : les patients ne savent plus sortir du régime, car quand ils essaient d’en sortir, ils s’angoissent ou se culpabilisent en mangeant ou en pensant qu’ils ont mangé l’interdit. D’autres se jettent sur les “bons” aliments, légumes et fruits, au risque d’en manger trop, de manger trop de calories, au risque de distendre leur estomac et d’augmenter ainsi la sensation de faim, d’avoir mal au ventre ou de faire monter leur glycémie. » [1]

Bref, s’imposer des contraintes trop strictes peut mener à perdre pied bien plus fort…

[1] Lecerf J.-M., À chacun son vrai poids, Odile Jacob, 2013, p. 73.