Oubliez les ‘people’ et les régimes miracles censés vous faire perdre vos kilos superflus sans trop d’efforts et en quelques semaines à peine. Dans la plupart des cas (80%), ces méthodes ne fonctionnent pas !
Quel que soit le type de régime entrepris, les résultats obtenus sont les mêmes : on perd du poids, oui, mais pour reprendre les kilos perdus. Ainsi, 20% seulement des personnes qui font un régime perdent réellement du poids à long terme. Cela signifie donc que, sur 10 personnes qui entament un régime, 8 auront fait ces efforts pour rien ! Il arrive même que l’on reprenne plus de poids qu’avant d’avoir commencé le régime. Et, lorsqu’il y a reprise de poids, celle-ci se fait essentiellement sous forme de masse grasse avec perte de masse musculaire (à moins d’avoir également fait davantage d’activité physique).
Mais pourquoi les régimes sont-ils si souvent un échec ?
- D’abord parce que, la plupart du temps, la durée du régime est relativement courte (moins de 6 mois, 1 an maximum) et que l’on reprend ensuite ses anciennes habitudes alimentaires. Or, pour perdre du poids, ce sont ces habitudes dans leur ensemble qui doivent être modifiées à long terme.
- Ensuite parce qu’après un régime, l’apport calorique nécessaire pour stabiliser le poids est inférieur à l’apport calorique auquel on était habitué. Il faut donc continuer à manger moins, ce qui est difficile à maintenir dans le temps.
- Enfin, bien souvent, le régime ne s’intéresse pas à la cause de la prise de poids. C’est pour cela qu’il est important d’être correctement accompagné et de comprendre ce qui guide et influence nos comportements alimentaires, de façon à pouvoir les modifier durablement.
« Maigrir est difficile, mais à la portée de beaucoup d’entre nous », écrit le psychiatre Gérard Apfeldorfer [1]. « Maigrir sans regrossir, c’est une autre paire de manches ! En réalité, 75% des personnes qui désirent perdre du poids y réussissent dans les premiers mois, mais 80 à 95% auront tout repris, voire plus, quelques années plus tard. (…) D’un point de vue biologique, il faut d’abord tenir en échec les mécanismes naturels de régulation du poids, un système neuro-hormonal qui s’emploie à protéger les réserves de graisses de toute dilapidation inconsidérée. Mais, si nous sommes gros, c’est aussi souvent parce que nous faisons appel à la nourriture pour tenter de régler des difficultés psychologiques auxquelles nous ne savons pas faire face. »
Une récente étude du CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) est consacrée aux régimes alimentaires [2]. Elle analyse 19 régimes, dont la grande majorité sont déconseillés non seulement pour leur inefficacité mais pour des raisons de santé. Le CRIOC conclut en faveur d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique pour perdre du poids à long terme, et plaide pour un accompagnement professionnel (médical, diététique…) personnalisé.
Parmi les causes d’échec de la plupart des régimes, il faut compter leur durée, relativement courte en regard du temps nécessaire pour que s’installent des habitudes alimentaires nouvelles [3] (non seulement des repas plus équilibrés mais des quantités moindres de nourriture). Le CRIOC s’appuie sur l’étude de Rena R. Wing et Suzanne Phelan [4] pour affirmer que seuls 20% des personnes en surpoids perdent du poids à long terme avec succès. La plupart des régimes sont suivis sur une courte durée, moins de 6 mois voire un an.
Et les résultats d’autres études vont encore plus loin :
- Cinq ans après l’arrêt d’un régime, la perte de poids moyenne reste de 3 kg pour un poids de départ moyen de 98 kg. Ce qui ne fait pas une grande différence… [5]
- Une étude porte sur plus de 2.000 personnes qui ont réussi à perdre du poids [6]. Elles avaient perdu en moyenne 32,1 kg depuis six ans et demi et ont été suivies pendant deux ans. Après ces deux ans, plus de 70% de l’échantillon avaient repris du poids (3,8 kg en moyenne) par rapport à leur entrée dans l’étude. Cela met en évidence une reprise de poids modérée mais réelle, même chez les personnes qui avaient réussi à perdre du poids et à maintenir cette perte durant plusieurs années.
[1] Voir http://www.psychologies.com/Nutriti…. Parmi les autres publications de cet auteur, citons :
Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Dictature des régimes, attention !, Odile Jacob, 2006.
Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Waysfeld W., Traiter l’obésité et le surpoids, Odile Jacob, 2010.
[2] Voir http://www.oivo-crioc.org/files/fr/…
[3] Sans parler d’une activité physique suffisamment intense et régulière, de l’ordre de 30 minutes de marche rapide par jour, ce qui représente une dépense de 100 à 150 calories et est, en outre, favorable à la santé cardiovasculaire.
[4] Wing R. R., Phelan S. (2005), Long-term weight loss maintenance, American Journal of Clinical Nutrition, 82 (1 Suppl.), 222s- 225s.
[5] Anderson J. W. et al. (2001), Long-term weight-loss maintenance : a meta-analysis of US studies, American Journal of Clinical Nutrition, 74, 579-584.
[6] Phelan S. et al. (2003), Recovery from relapse among successful weight maintainers, American Journal of Clinical Nutrition, 78, 1079-1084.