Quand on est au régime, on pense plus souvent à la nourriture, et cela peut même tourner à l’obsession ! On se trouve alors confronté à plus de tentations qu’en temps normal, c’est-à-dire à plus de risques de « craquer » et donc de prendre du poids…
C’est bien connu, faire régime est un travail constant. Cela occupe l’esprit de façon très régulière, jusqu’à plusieurs fois par jour pour beaucoup d’entre nous. Corollaire : plus on veut éviter de manger, plus on pense à la nourriture. Que puis-je manger ? En quelle quantité ? Si je vais au resto ce midi, que vais-je manger ce soir pour rééquilibrer ? L’organisation de nos repas peut devenir un vrai casse-tête !
Mais à force de « se priver », les tentations deviennent plus nombreuses et, avec elles, les écarts qui nous font reprendre du poids… et avoir mauvaise conscience. Pour lutter contre ces tentations, il nous arrive souvent de diaboliser à tort toute une série d’aliments perçus comme mauvais car étiquetés trop gras, trop sucrés ou trop riches. Ce qui réduit souvent la variété de notre alimentation. Pourtant, alimentation équilibrée, cela rime avec alimentation variée…
« Les régimes tournent à l’obsession », écrit Gérard Apfeldorfer [1]. En bon psychiatre, il déniche, dans les comportements alimentaires des personnes au régime, des rituels rigides ou des pratiques fétichistes. Cela peut en effet devenir très irrationnel. Et on nie la privation que l’on s’inflige – jusqu’à ce que l’on craque !
Surveiller son alimentation demande d’avoir tout le temps à l’esprit ce qu’il faut manger, ce qu’il vaut mieux éviter, etc. Résultat : on y pense plus souvent et l’on est aussi plus sensible aux éléments de notre environnement qui nous incitent à manger (et donc on risque de succomber plus facilement). Or, une étude de Jennifer Harris et al. l’a montré [2], chez les adultes comme chez les jeunes, les publicités portant sur des aliments incitent davantage les gens à consommer que d’autres publicités. Autant dire que les tentations sont constantes.
Pour Apfeldorfer, la solution serait de manger ce que l’on aime mais en réduisant les quantités… Ce qui est loin d’être simple : nous mangeons souvent pour d’autres raisons – bonnes ou mauvaises – que la faim, et nous sommes inégaux sur la balance. Pourquoi certains « gros mangeurs » restent-ils filiformes alors que des modérés de l’alimentation grossissent dès la moindre cuillerée excédentaire ?… C’est injuste !
Il faut donc plaider pour un accompagnement individualisé, qui prenne en compte les composantes affectives, émotionnelles de nos comportements alimentaires : « On mange quand on est insatisfait de soi, quand on a des “contrariétés”, quand on est en proie à l’ennui, à une colère non exprimée, lorsqu’on est trop joyeux, ou trop anxieux. On mange pour faire plaisir, ne pas peiner quelqu’un qui nous offre de la nourriture. On mange pour se punir, pour se révolter contre des contraintes, pour s’opposer à un tiers qui surveille ce qu’on mange. Bref, manger est notre système de défense face à toute perturbation, quelle qu’elle soit. » [3]
[1] Voir http://www.psychologies.com/Nutriti…. Parmi les autres publications de cet auteur, citons : • Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Dictature des régimes, attention !, Odile Jacob, 2006. • Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Waysfeld W., Traiter l’obésité et le surpoids, Odile Jacob, 2010.
[2] Harris J. L., Bargh J. A., Brownell K. D. (2009), Priming effects of television food advertising on eating behavior, Health Psychology, 28 (4), 404-413.
[3] Voir http://www.psychologies.com/Nutriti…. Parmi les autres publications de cet auteur, citons : • Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Dictature des régimes, attention !, Odile Jacob, 2006. • Apfeldorfer G., Zermati J.-P., Waysfeld W., Traiter l’obésité et le surpoids, Odile Jacob, 2010.