L’individualisme de nos sociétés a contribué à la perte de convivialité pourtant souvent associée aux souvenirs de bons repas. On mange de plus en plus souvent seul et parfois par compensation affective. Le grignotage et les repas pris seul à l’extérieur (sandwich, fast food, etc.) sont devenus une pratique courante… peut-être au détriment de repas familiaux ou entre amis.

Les rythmes de vie effrénés (combinant travail, loisir, vie sociale, vie familiale, etc.) que beaucoup de gens mènent dans nos sociétés semblent aussi réduire le temps accordé à la préparation des repas et ainsi influencer notre alimentation. Depuis les années 2000, de plus en plus de repas sont pris hors du domicile (surtout les repas de midi) soit dans des restaurants collectifs, soit dans des fast-food ou des sandwicheries. Ces repas sont généralement alléchants mais malheureusement souvent trop caloriques par rapport à nos dépenses énergétiques.

Depuis peu, ce mode de restauration a évolué et propose des formules « plus saines ». Des bars à salades ou à soupes, des comptoirs à jus de fruits frais, des snacks « bio » sont aussi apparus. Une preuve de l’attention que portent les consommateurs à ce qui est bon pour leur santé. Pourtant, même les apports nutritifs de ces repas « équilibrés » ne sont pas toujours adaptés à nos réels besoins.

La généralisation du travail des femmes semble également avoir influencé nos modes d’alimentation. En effet, cela « améliore les revenus des familles et permet un meilleur accès à des aliments plus variés et prêts à l’emploi. Le temps imparti à la préparation des repas s’est considérablement réduit : une demi-heure par jour actuellement au lieu de trois heures avant la dernière guerre. La femme consacre non seulement moins de temps à préparer les repas (de 1993 à 2003, le temps de préparation des repas est passé de 42 à 36 minutes en semaine et de 60 à 44 minutes le week-end) mais de plus la valorisation sociale liée à ce rôle est devenue très accessoire. » [1] Loin de prôner le retour de la femme au foyer, force est de constater que les rythmes de vie intenses engendrent une diminution du temps consacré à la préparation des repas au sein des ménages, même si les hommes s’y impliquent désormais.

Mais peut-être cela est-il en train de changer ?
Des émissions culinaires comme « Top Chef », « Un dîner presque parfait » ou encore « Masterchef » redonnent du sens et de la valeur à la cuisine… mais seulement à une cuisine exceptionnelle et sophistiquée plutôt qu’à une cuisine familiale et conviviale.

[1H. Roudaut et E. Lefrancq, Alimentation théorique, Coll. Biosciences et techniques, 2005