« Le surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. » [1] Leur distinction se fait sur base du calcul de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) , rapport entre le poids et la taille au carré. Des repères chiffrés existent pour permettre d’évaluer la corpulence de chacun.
L’IMC a pour but de donner une indication sur l’état de santé de l’individu, non pas de classer les personnes selon des critères esthétiques. Il arrive d’ailleurs que des personnes qui s’habillent en taille L se sentent mal dans leur peau alors que leur IMC est dans la « moyenne ». Il est donc important de garder à l’esprit que cet indice n’est qu’un indicateur de risques pour la santé qui ne devrait pas être utilisé dans une optique de beauté !
Mais l’IMC est aussi un indicateur critiqué : si son utilisation s’avère pratique, il devrait idéalement tenir compte de critères tels que le sexe, l’âge et l’origine ethnique, la morphologie, etc. Par exemple, certains sportifs, du fait de leur masse musculaire, ont un IMC élevé alors que cela ne présente pas de risque pour leur santé. De même, selon la morphologie, une personne trapue sans être grasse aura peut-être le même IMC qu’une personne longiligne ayant une masse graisseuse trop importante.
Conséquences potentielles de l’obésité
Une mortalité prématurée apparaît avec un indice de masse corporelle ≥ 30 et augmente progressivement au-delà.
Il est établi que l’obésité est statistiquement associée avec bien des problèmes de santé : diabète de type 2, hypertension artérielle, excès de cholestérol dans le sang, certains cancers et des accidents cardiovasculaires. Ce constat est surtout vrai pour des indices de masse corporelle (IMC) supérieurs à 35.
Bénéfices potentiels d’une perte de poids en cas d’obésité associée à une autre pathologie
Chez des personnes obèses (surtout chez les femmes) qui ont des problèmes de santé (par exemple, hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires), une perte de poids permet une diminution des risques de mortalité. Les médecins constatent également qu’une perte de poids permet l’amélioration de certains symptômes en cas d’arthrose des genoux, d’apnées du sommeil et d’asthme grave, ainsi qu’une diminution modérée de la tension artérielle et des graisses dans le sang.
Cependant, chez des personnes obèses en bonne santé, aucune étude ne montre par contre qu’un amaigrissement diminue la mortalité. [2]
Bénéfices incertains d’une perte de poids en cas de simple surpoids
Nous ne disposons pas de preuves actuellement que des interventions visant à maigrir soient bénéfiques chez des patients en simple surpoids (IMC entre 25 et 30) et en bonne santé. Aucune étude ne montre non plus qu’un amaigrissement diminue la mortalité chez des patients obèses en bonne santé. [3]
Cependant, pour des personnes en surpoids ayant quelques problèmes de santé, des mesures diététiques douces associées à une augmentation de l’activité physique diminuent l’incidence du diabète de type 2, la pression artérielle et le taux de cholestérol dans le sang (LDL-cholestérolémie). En agissant sur ces trois facteurs, on obtient une réduction du risque cardiovasculaire global et probablement un bénéfice à long terme.
Modifier son alimentation … durablement
A force d’entendre toutes sortes d’informations nutritionnelles et de conseils pour maigrir, on pourrait penser que seuls les fruits, légumes, poissons et viandes maigres sont bons pour la santé. Pourtant, le corps humain a besoin d’une grande variété d’aliments pour recevoir tous les éléments nutritifs nécessaires à son bon fonctionnement : vitamines, protéines, fibres, glucides, oligoéléments, lipides… Mais de nombreux préjugés sur l’alimentation existent et contribuent à la diabolisation de certains aliments qui ne méritent pas toujours une telle réputation.
Qu’est-ce que le régime méditerranéen ?
On pourrait plutôt parler de mode de vie, puisqu’il allie une alimentation variée à une activité physique quotidienne. L’alimentation y est riche en fruits, légumes, oignons, ail, légumineuses, noix, produits céréaliers complets ; l’huile d’olive est la matière grasse privilégiée et on y recourt abondamment aux herbes aromatiques. Fromage, yaourt, poissons et volaille sont au menu, de même que le vin rouge en quantité modérée ; par contre, la viande rouge n’est que très peu consommée. L’apport en calories est raisonnable.
Le principal moyen de réduction du poids est la réduction modérée de l’apport calorique quotidien, combinée à une augmentation de l’activité physique. Pour réduire le nombre de calories ingérées chaque jour, il faut consommer moins d’aliments à forte densité calorique (aliments riches en graisses et en sucres et pauvres en fibres et en eau). Ainsi, on peut préserver un apport équilibré des autres nutriments. Ce type d’alimentation ne comporte pas les risques des régimes très restrictifs ou très déséquilibrés.
De manière générale, une alimentation inspirée du régime « méditerranéen » est bénéfique pour la santé cardiovasculaire et est compatible avec une réduction des aliments très caloriques. Il ne s’agit donc pas de restriction (manger très peu et seulement certains aliments hypocaloriques), mais bien d’un changement devant se poursuivre sur le long terme.
On observe généralement une perte d’environ 5 kg, après une année de réduction de l’apport calorique quotidien. Pour une personne obèse, il est raisonnable de viser une perte de poids, très progressive, de 5 à 10%. Des pertes de poids supérieures sont rarement durables.
Eviter les régimes sévères
Selon la revue Prescrire , il n’est pas justifié « de recourir à des régimes extrêmes, ni, d’une manière générale, à des interventions dont la balance bénéfices-risques sera vite défavorable, surtout chez les patients en simple surpoids (sans obésité réelle) pour lesquels les preuves d’un avantage de mesures diététiques sont minimes ». La même Revue signale que ces interventions ne sont pas plus indiquées « chez des patients obèses en bonne santé et dont l’IMC est inférieur à 35 mkg/m2 »
Selon une étude, en cas de régime inadapté, « seuls 20% des personnes en surpoids perdent du poids à long terme avec succès. La reprise de poids se fait essentiellement sous forme de masse grasse. » [4]
Une récente étude du CRIOC a analysé différents régimes et mis en évidence les carences et risques pour la santé régulièrement rencontrés en suivant ces types de diètes (manque de vitamines, de fibres, d’oligoéléments, dysfonctionnement des reins, augmentation du risque de fracture ostéoporotique, constipation, etc.)
Des effets indésirables graves (lésions cérébrales, augmentation de la mortalité totale et cardiovasculaire, troubles du rythme cardiaque) peuvent même survenir en cas de restrictions alimentaires sévères et prolongées, surtout lorsqu’il s’agit de régimes hyperprotéinés.
Outre les conséquences physiques que ces régimes entraînent, il semble qu’ils aient également des impacts psychologiques. Ces régimes provoquent d’importantes frustrations. Celles-ci peuvent être liées aux privations alimentaires auxquelles le corps est soumis mais aussi, parfois, à la déception face à l’échec malgré les efforts consentis pour maigrir. De nombreuses personnes ont également tendance à placer la barre trop haut ou à se fixer des objectifs inadaptés.
Doit-on vraiment passer par de tels sacrifices pour accepter son corps ?
Prévention
La prévention de l’obésité, plus particulièrement pendant l’enfance et l’adolescence, par une alimentation équilibrée sans excès calorique et par une activité physique régulière est importante. Il est certain que prévenir le surpoids est une stratégie pertinente quand on connaît les difficultés rencontrées pour réduire le poids chez des personnes obèses. Cependant, des auteurs soulignent que la réduction des discriminations liées au poids est tout aussi importante que la réduction de l’indice de masse corporelle. En effet, selon certains auteurs, les effets néfastes des stigmatisations de l’enfant pourraient sans doute s’avérer aussi délétères pour son bien-être que son excès de poids. [5]
[1] OMS – www.who.int
[2] Revue Prescrire, n° 281, 2007, p. 197-200, France
[3] Revue Prescrire, n° 281, 2007, p. 197-200, France
[4] CRIOC, Régimes alimentaires, 2011
[5] Reginald L. Washington, MD. Childhood Obesity : Issues of Weight Bias. Prev Chronic Dis 2011 ;8(5):A94 – www.cdc.gov/pcd/issues/2011/…