L’alimentation n’est pas la seule à devoir être incriminée lorsqu’on aborde le problème du surpoids. Les facteurs influençant le poids sont plus variés et moins évidents qu’on ne le pense. L’organisation de nos sociétés occidentales n’y est d’ailleurs pas pour rien…

Les avancées technologiques à l’encontre de l’activité physique

Comme on le sait, la principale cause de la généralisation du surpoids et de l’obésité est la combinaison d’une alimentation trop riche et d’un manque d’activité physique.

Mais pourquoi manquons-nous d’activité physique ? Bouge-t-on moins qu’autrefois ? En quoi l’organisation de nos sociétés peut-elle avoir une influence sur notre corpulence ?

Plusieurs éléments peuvent répondre à cette question. Tout d’abord, l’évolution scientifique a permis le développement de merveilleuses technologies visant à faciliter toujours plus la vie. Si cela a permis de dégager du temps pour les loisirs, la culture ou l’éducation, les nouvelles technologies ont également contribué à la diminution de l’activité physique des populations des pays développés.

Ainsi, la généralisation des voitures a rendu plus rares les déplacements à pied ou à vélo (même si ce dernier moyen de transport revient petit à petit à la mode, principalement pour des raisons écologiques). La télévision, les jeux vidéos, l’ordinateur et autres activités sédentaires ont remplacé les activités et jeux de plein air où l’on se dépensait plus. Autre exemple, les robots ménagers, lave-vaisselle, machines à laver, soulageant grandement les ménagères, ont remplacé l’effort physique qui était associé à de telles corvées quotidiennes. Le développement du chauffage central et de la climatisation ont également contribué à la diminution de nos dépenses caloriques.

« Cet ensemble de facteurs aboutit à réduire les dépenses énergétiques (musculaires et thermorégulation) dans la vie quotidienne. Face à cette diminution des dépenses, les populations des pays industrialisés ont spontanément réduit leurs apports énergétiques en passant de 3000-3500 kcal au début du siècle à 1700-2000 kcal en l’an 2000. » [1]

Il semble donc qu’il y ait de plus en plus de personnes en surpoids alors que nous mangeons, en moyenne, moins qu’il y a cent ans. Mais nos modes de vie nous amènent aussi à nous dépenser nettement moins qu’au siècle passé ! La différence entre les calories absorbées en nourriture et celles dépensées ne serait pas suffisantes.

La généralisation du travail intellectuel et de bureau

Autrefois, de nombreux emplois étaient davantage manuels qu’intellectuels. L’enseignement supérieur n’étant pas accessible à tous, une grande proportion de la population vivait de métiers physiques tels que l’agriculture, le travail dans les industries, etc. Aujourd’hui, le travail de bureau s’est généralisé tandis que les tâches plus physiques sont souvent prises en charge par des machines.

« A la fin de la 2ème guerre mondiale, la France était encore rurale et 7,5 millions de paysans (1946) exploitaient la terre. Actuellement, ils ne sont plus que 61.200 (2000). En cinquante ans, la part des paysans est passée de 40% à 3% de la population active occupée (INSEE) [2]

Pourtant, s’ils comportent parfois des risques physiques (comme l’utilisation d’outillage dangereux), il semble que les métiers manuels puissent présenter des avantages pour la santé en raison de l’activité physique qu’ils engendrent. Le travail de bureau à lui aussi des inconvénients pour la santé : sédentarité, maintien d’une position assise pendant de longues heures, fatigue des yeux sur les écrans d’ordinateurs… Mais alors, pourquoi les métiers manuels sont-ils aujourd’hui peu valorisés dans nos sociétés ?

[1] H. Roudaut et E. Lefrancq, Alimentation théorique, Coll. Biosciences et techniques, 2005

[2] H. Roudaut et E. Lefrancq, Alimentation théorique, Coll. Biosciences et techniques, 2005